Aventure sénégalaise

J'ai rédigé le texte ci-dessous entre 2018 et 2019, alors que séjournant en France, j’envisageais déjà de retourner m’établir au Sénégal sans qu’un délai ait été fixé pour finaliser mon projet. Je souhaitais en même temps développer le thème de l’Afrique sur mon précédent site Jeanef.fr (supprimé depuis) que j’avais créé en 2015 mais "activé" en 2018 et puis 2020 et COVID sont arrivés et m’ont amenée à différer mes plans.


Je déroule ci-dessous mon «itinérance» personnelle, sorte de nomadisme avant que je ne découvre qu'Attali ne parle des "nomades".

Je précise que j'avais déjà vécu deux ans en Afrique (2015 2017) plus précisément au Sénégal, pays qui n'est pas perçu comme étant "difficile à vivre" pour un Français, quoi que le temps passant les perceptions évoluent. 

Mais reprenons au début de mes aventures nomades.
J’ai eu l’opportunité de vivre et travailler à l’étranger à plusieurs reprises. Chacun appréciera que je ne souhaite pas donner plus de détails que nécessaire sur mon parcours personnel.

Mon « vagabondage » international a débuté à Londres, un peu par "simplicité" car j’y étais allée au pair une première fois à la fin de mon adolescence, me permettant de mettre un pied durable à l’étrier linguistique (anglais).

Il s'est trouvé qu'à Londres, avec ma fille, nous avons vécu en direct et avec les Anglais le décès et les obsèques de Lady Diana, moment particulier, très fort et émouvant dans la vie des Anglais. Nous ne connaissions pas alors l’expression « nous sommes tous… » Anglais à ce moment-là, mais c’était sûrement un sentiment partagé à l’échelle internationale ou presque.

Après un retour en France, avec ma fille devenue jeune ado et définitivement anglicisée malgré son jeune âge, les Etats-Unis nous ont tendu les bras, pour ainsi dire : côte Est (Maryland). Nous y sommes arrivées 6 mois avant les attentats du 11 septembre que nous avons vécu en direct pour le coup. Et c’est là que nous sommes devenues « Américaines » en même temps qu’une grande partie de la planète.

Les Etats-Unis ont ensuite envahi l’Afghanistan, puis l’Iraq : étions-nous toujours Américaines ? oui sûrement, ce qui ne veut pas dire que nous partagions les idées du Président Bush. Le french-bashing était alors monnaie courante aux Etats-Unis mais nous restions le cœur accroché aux Américains malgré tout. Période intense et particulière, à titre personnel aussi.

Après un autre retour en France, 
2006 nouveau départ « coup de tête ; coup de cœur » pour Beyrouth en solo cette fois (ma fille jeune étudiante s'étant installée à Montréal) et la guerre de l’été 2006 entre Israël et le Liban qui venait juste de se terminer officiellement par l’« arrêt des hostilités », l’embargo maritime fut ensuite levé courant septembre 2006.

La période 2006 à 2008/2009 fut ponctuée d’attentats ciblés contre des personnalités libanaises et je me surprenais à « m’habituer » à l'idée qu’un attentat pouvait survenir à tout moment tout autant que je sursautais au moindre bruit un peu fort, ressemblant à une explosion (pétard…).. J’étais même devenue sensible ne serait-ce qu’à un claquement de porte.
J’ai aimé le Liban, je m'y suis sentie « Libanaise ». On m'a d'ailleurs demandé un certain nombre de fois si je l'étais et si je répondais non, je pouvais avoir droit à un regard perplexe voire interrogateur :=)
Cette relation d’affection entre le Liban et la France était alors forte et s’appuie, encore en 2023 je suppose, tout autant sur l’histoire que la culture et la langue que les deux pays ont en partage.
Les Libanais ont une expression que j’ai entendu un certain nombre de fois «notre grande sœur la Syrie, notre petite mère la France », tout est dit ! y compris de la complexité de la relation entre le Liban et la Syrie.
J’ai profité de ce séjour libanais (4 ans) pour apprendre et découvrir ce Moyen-Orient compliqué, non par des voyages dans la zone mais bien plus par des lectures et la vie quotidienne à Beyrouth. Je ne peux m’empêcher d’avoir une opinion bien plus nuancée sur ce qui se passe dans cette partie du monde appelée le Levant que ce qu’on peut lire ou entendre dans nos médias occidentaux, bercés par le politiquement correct et la bien-pensance à moins qu’ils ne soient aussi « sous influence », qui sait ?
Sans m’éparpiller, j’aimerais mentionner ne serait-ce qu’un livre sur la Syrie « quand la Syrie s’éveillera » de R. Labévière et T. El Atrache, édité janvier 2011, le « printemps » syrien a débuté en mars 2011 mais je ne crois pas que les auteurs envisageaient que la Syrie « s’éveille » de cette manière. Voici le lien si cela vous intéresse
https://www.amazon.fr/Quand-Syrie-s%C3%A9veillera-Talal-EL-ATRACHE/dp/2262033781 
Retenons seulement que tout n’est jamais noir ou blanc, au Moyen-Orient comme ailleurs.

J’ai quitté Beyrouth le cœur gros en 2010, pour rejoindre … New Delhi ! autant dire un saut dans l’inconnu ! on y perd ses repères occidentaux : une leçon !
On est témoin d’une grande pauvreté qui côtoie une classe moyenne indienne qui émerge et une classe aisée voire très aisée qui a toujours été là. Le système des castes bien qu’aboli depuis 1947 régit encore beaucoup les relations sociales qui sont très « codées ». On peut ainsi constater que nos «valeurs» occidentales ne sont pas les seules qui servent de repères à l’humanité sur notre petite planète et je dirais c’est tant mieux.
Je suis restée deux ans en Inde, l’expérience fut intense sur le plan professionnel. Sur le plan personnel, cela m’a permis de « recadrer » mes repères, d’élargir « mes horizons », au propre comme au figuré.
Je suis rentrée à Paris « à ramasser à la petite cuiller » pourrait on dire, je ne sais pas si vous connaissez l’expression, mais elle me paraît appropriée.

Pour autant, et comme les petites fourmis me grattaient facilement la plante des pieds, j’ai eu envie de repartir : mais voilà, où poser mes valises ? 
Après quelques réflexions et tour d'horizon mon choix s'est porté sur l'Afrique.
Je m’étais déjà auparavant posé la question de savoir si ce continent pouvait m’intéresser, m’attirer ? en réalité, la réponse était qu’il m’impressionnait ! pourquoi ? par son immensité, sa pauvreté, son histoire : berceau de l’humanité tout de même, ce n’est pas rien ! l’esclavage, le colonialisme, les guerres, la famine, … et j’en passe.

J’avais effectué un petit séjour en 2004 à Port au Prince, Haïti, certes, ce n’est pas l’Afrique mais tout de même, il y a des points communs dont la pauvreté n’était pas la moindre. Et Haïti malgré la brièveté de mon séjour m’avait « plu », je l’avais trouvé attachant, voire touchant notamment par la simplicité, la gentillesse des Haïtiens.
Et donc, après de nouveau un temps de réflexion, en me disant que j’aime apprendre, découvrir, comprendre, connaitre, l’Afrique pouvait s’avérer être une « expérience » à faire.. En choisissant le Sénégal, j’ai choisi la « facilité » : le pays a la réputation sur le continent africain de profiter d’une belle stabilité politique (ndrl : du moins en 2018,2019, ça semblait être encore le cas) ; c’est un pays francophone et (encore) francophile même si curieusement ou non la langue anglaise fait son apparition.
Le Sénégal a en commun avec la France, comme pour le Liban d'ailleurs des liens historiques et culturels sans doute un peu compliqués quelques fois mais réels et c’est aussi ce qui explique qu’on trouve au Sénégal beaucoup non seulement de Français mais aussi de …. Libanais qui y sont installés (outre la stabilité politique sénégalaise, les opportunités économiques et commerciales du pays ne peuvent échapper à nos amis Libanais, souvent commerçants et hommes/femmes d’affaires dans l’âme). Africains et Libanais ont en commun un état d’esprit « survivaliste », habitués qu’ils sont à l’adversité, à la subir tout autant qu’à la surmonter, en comptant d’abord sur eux-mêmes.

Pour revenir à nos « moutons » sénégalais et mes choix, j’avais le sentiment qu’après l’Inde, le Sénégal ne pouvait être si « compliqué ». Et donc, « off we go !» diraient les anglo-saxons : « c’est parti !»


Mise à jour décembre 2023 : 
La crise COVID m’a rattrapée en 2020, j’ai rangé mes projets d’émigration africaine pour les ressortir en 2021, et mon « off we go ! » s’est finalement concrétisé fin septembre 2022.
Plus d’un an déjà passé au Sénégal…. La situation sénégalaise évolue et colle devrais-je dire à l’actualité internationale avec des variantes assez sensibles par rapport au contexte européen.
Des élections importantes (présidentielles) sont prévues au Sénégal pour début 2024. La situation dans le pays est sensible. Ceux qui suivent notamment le compte twitterX de Juan Branco peuvent en avoir un aperçu.

Me concernant, non que je me détache de ce qui s’y passe ni que je veuille me défausser mais étant désormais officiellement résidente au Sénégal pour les 2 prochaines années, je suis « invitée » dans ce pays et j’ai à cœur de préserver ma neutralité sur ce qui advient en particulier au plan politique.

Le peuple sénégalais est accueillant, souriant, chaleureux… Tout n’est pas parfait mais je ne vois pas de raison de me plaindre non plus et refaire mes valises pour rentrer en France n’est pas une option sur laquelle je m’attarde d'aucune manière. Je préfère rester attentive au sort du Sénégal et des Sénégalais. Si cela permet de mesurer que ma décision de quitter la France n’a nullement été un coup de tête mais bien un projet réfléchi, préparé et assumé malgré c’est assez logique les doutes et incertitudes qui entourent un départ vers de nouveaux horizons.