Rester vivant : creuser vers le vrai et supporter la vérité (Houellebecq)

Il y a quelques temps de cela, au cours d’un échange sur twitter, on m’a transféré ce texte dont Houellebecq est l’auteur. C'est un extrait, m’a-t-on dit, d’une œuvre plus large intitulée « rester vivant ». Je n’en sais pas plus mais le lire ne m’a pas laissée insensible bien que n’étant pas une « fan » du personnage Houellebecq.
A travers ce texte j’ai perçu une grande sensibilité qui m’avait sans doute échappée faute d’avoir eu envie sans doute de découvrir qui est ce personnage dont je crois qu’on peut dire qu’il est « clivant ».
Découvrez ce texte que  je laisse évidemment à votre libre appréciation. Le titre : 

Rester vivant. Creuser vers le vrai et supporter la vérité. 

La vérité est scandaleuse. Mais, sans elle, il n’y a rien qui vaille. Une vision honnête et naïve du monde est déjà un chef d’œuvre. En regard de cette exigence, l’originalité pèse peu. Ne vous en préoccupez pas. De toute manière, une originalité se dégage forcément de la somme de vos défauts. 

Pour ce qui vous concerne, dites simplement la vérité : dites tout simplement la vérité : ni plus, ni moins. Vous ne pouvez aimer la vérité et le monde. 

Mais vous avez déjà choisi. Le problème consiste maintenant à tenir ce choix. Je vous invite à garder courage ; non que vous ayez quoi que ce soit à espérer. Au contraire, sachez que vous serez très seuls. La plupart des gens s’arrangent avec la vie ou bien ils meurent. Vous êtes des suicidés vivants. A mesure que vous approchez de la vérité, votre solitude augmente. Le bâtiment est splendide mais désert.
Vous marchez dans des salles vides, qui vous renvoient l’écho de vos pas. L’atmosphère est limpide et invariable : les objets semblent statufiés. Parfois, vous vous mettez à pleurer, tant la netteté de la vision est cruelle. Vous aimeriez retourner en arrière, dans les brumes de l’inconnaissance : mais au fond vous savez qu’il est déjà trop tard. Continuez, n’ayez pas peur. Le pire est déjà passé. Bien sûr, la vie vous déchirera encore : mais de votre côté, vous n’avez plus tellement à faire avec elle. Souvenez-vous en : fondamentalement, vous êtes déjà mort. Vous êtes maintenant en tête à tête avec l’éternité……